Les Fêtes Maritimes de Brest

S01E02 – rencontre avec Yoan Dussort

S01E02 – Yoan Dussort : Fêtes Maritimes de Brest, 500 000 personnes en 6 jours

 

Un invité d’exception !

 

Dans cette interview, Yoan revient sur son parcours dans l’événementiel, en passant par l’organisation des Fêtes maritimes de Brest 2024, son rôle à la tête du tournoi de Tennis ATP 100 de Brest, ainsi que son expérience avec le Stade Brestois 29, jusqu’à l’événement qui l’a le plus marqué.

Transcription de l’épisode

 

N.G : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue sur le podcast Good Morning Event. Aujourd’hui, je suis avec Yoan. Yoan, bonjour. Bonjour. Tu t’appelles Yoan Dussort et tu es notre invité aujourd’hui parce qu’on va parler d’un bel événement, d’un très bel événement qui a eu lieu cet été. Cette fois-ci, ce n’est pas les Jeux Olympiques, mais c’est les Fêtes Maritimes de Brest.

 

Y.D : Tout à fait. Les fameuses Fêtes Maritimes de Brest de retour après huit années sans événement après ce malheureux épisode Covid qu’on a traversé tous en 2020. Et donc les fêtes qui devaient avoir lieu en 2020 ont été annulées quatre mois avant l’édition. Et donc c’était un retour après huit ans, un sacré challenge. On a monté l’événement en une année, mais on va en reparler un petit peu. Et puis un contexte très difficile, comme tu l’as dit, en pleine période de JO. Et donc un des derniers rassemblements en France avant les JO. Donc un contexte sécu bien costaud.

 

N.G : Alors tu nous fais déjà presque tout le sommaire en introduction. Ce que je te propose déjà, c’est que tu me dis fameux événements. Alors fameux, peut-être pour toi, peut-être pour les Brestois. C’est quand même 500 000 visiteurs cette année sur une semaine d’événements, les Fêtes Maritimes de Brest. Mais tout le monde ne connaît pas les Fêtes maritimes de Brest. Est-ce que tu peux nous faire un peu une photographie de ce qu’est les Fêtes maritimes de Brest ?

 

Y.D : Carrément. Les Fêtes Maritimes, c’est un événement qui a eu lieu pour la première fois, en tout cas sous l’intitulé Fêtes maritimes de Brest en 92. qui à l’origine était un rassemblement d’amoureux de la mer et d’amoureux de bateaux, notamment de patrimoine maritime, qui se rassemblaient dans la rade à Brest pour montrer leurs différents bateaux et faire venir un maximum de public autour de cette mer à Brest qui est un peu le cœur de la ville et qui est un des lieux sur lesquels on a le plus d’événements aujourd’hui. Donc les Fêtes Maritimes, l’idée c’est de rassembler et de mettre en avant tout ce qui touche à la mer, de près ou de loin, dans le temps, ça s’est évolué vers un projet un peu plus mis en avant du territoire de Brest et de tout ce qu’il y avait autour, jusqu’au métier, jusqu’aux différentes écoles, au patrimoine maritime et à toutes les personnes qui composent le patrimoine maritime à Brest, mais aussi la course au large et différents événements qui ont pu avoir lieu depuis. L’idée des fêtes maritimes, c’est aussi surtout de rassembler un maximum de personnes. C’est avant tout une fête, ça porte son nom. L’idée, c’est de rassembler, de fédérer autour de la ville et de toutes les qualités qu’a la ville, notamment autour de la mer. Et puis, c’est donc une fête qui a lieu tous les quatre ans depuis 92. Donc, comme je le disais en introduction, qui n’a pas eu lieu en 2020, forcément avec l’épisode Covid et qui revenait en 2024. Voilà, avec un challenge assez compliqué. par le contexte, mais surtout parce que faire revenir un événement de cette ampleur-là, d’un budget aussi important que celui-là, c’était assez challengeant, dans la mesure où en 8 ans, on a le temps d’oublier beaucoup de choses. Et ce qui, quand je parle de fameux, c’est ce qui nous a fait beaucoup plaisir sur ce montage d’édition, c’est que les Fêtes Maritimes, ça reste quelque chose d’ancré dans le territoire, chez nous, en Finistère. Et puis en fait, l’engouement a très vite repris. On a lancé la billetterie un an avant l’événement et déjà là on avait du public en attente, en attente du programme, on était sur sollicité pour connaître quel bateau allait venir. Donc fameux dans ce sens là parce que c’est culturel et c’est historique à Brest. Et puis parce que ça a longtemps été une fête internationale, on a beaucoup de bateaux étrangers, beaucoup de publics étrangers. Sur cette édition 2024 c’était différent puisque beaucoup d’étrangers étaient plutôt à Paris pour les JO qu’à Brest, mais on a toujours une jauge d’une vingtaine de pourcents du public qui est déjà hors breton et en plus étranger pour une bonne partie.

 

N.G : Très bien. Alors, on va revenir un petit peu sur les fêtes dans quelques instants, mais je voudrais qu’on s’intéresse aussi un petit peu à toi, à ton parcours finalement. Avant que tu sois aux manettes sur les Fêtes Maritimes, tu démarres des études pas forcément dédiées à l’événementiel, justement, et peut-être tu tombes dans l’événementiel un peu par hasard, en fait.

 

Y.D : Je tombe carrément dans l’événementiel par hasard, j’y tombe parce qu’à l’occasion du DUT-GEA que je faisais à Brest, on devait organiser un événement dans l’année et faire la promotion d’une association humanitaire ou en tout cas d’un projet humanitaire. Etant grand amateur de foot, j’ai cherché à monter un événement autour du foot. On avait organisé un rassemblement avec trois autres collègues étudiants et puis deux autres personnes de l’extérieur avec qui je suis toujours en contact aujourd’hui. qui était un peu le fil rouge de ma carrière pro avec eux. Et en fait, on a monté un rassemblement pour faire la promotion du foot amateur à l’époque. qui a pris une ampleur assez dingue. On a fini par conventionner avec Nike en partenariat et avec le Stade Brestois surtout, qui n’était pas à la hauteur d’aujourd’hui à l’époque, mais qui nous avait déjà beaucoup aidé. Et en fait, au cours de l’année et de la préparation de cet événement, je me suis découvert une passion dingue pour ce milieu et puis pour l’environnement autour de ce milieu, les différents prestataires et puis le côté réseau aussi qu’il y a vachement autour de l’événementiel. Et donc, Je me suis dit que c’était une bonne idée de continuer et j’ai réussi avec l’aide du stade Bresto à l’époque à rentrer dans l’agence Ideos en stage. Et puis l’histoire a démarré à ce moment-là justement lors de ce stage puisque j’ai fait les Fêtes Maritimes de 2016. Et donc forcément quand son premier événement en tant que stagiaire c’est les fêtes maritimes, j’imagine c’est un peu comme ceux qui ont démarré première mission au JO. Quand on a vu un des plus beaux événements de sa région, on a du mal à se dire qu’on va aller faire autre chose. Et puis j’ai enchaîné du coup. J’ai eu l’opportunité de rester chez Ydeos via le groupe Rivacom à l’époque, et donc à l’époque on était une quarantaine. A la fin de mon alternance, on était quasiment 80, donc je me suis dit que c’était plutôt une bonne idée d’y rester. Et puis les événements ont fait que, les rencontres ont fait que, et je suis bien content d’en être quasiment jamais sorti.

 

N.G : Alors Ydeos, c’est une agence événementielle qui, depuis, a été renommée, qui s’appelle maintenant Rivacom Events, qui fait partie du groupe Rivacom, et lui-même qui est affilié au groupe Le Télégramme, donc un groupe de médias, basé à Brest. C’est une structure qui, si je ne dis pas de bêtises, est pour partie à Brest, pour partie à Rennes, et a un certain nombre de volets en termes de communication, de marketing et également d’événementiel. Et c’est dans cette structure que tu vas progressivement prendre de l’ampleur. C’est là où d’ailleurs on va pouvoir se rencontrer à travers différents événements, par exemple pour la marque Produit en Bretagne. Et puis tu vas évoluer comme ça, tu vas prendre du galon dans la structure.

 

Y.D : C’est ça. Ça s’est fait très vite. L’essor de l’événementiel à l’époque et la qualité des événements qui étaient proposés montaient d’année en année. Donc on sentait aussi qu’il y avait un engouement autour de ça. D’ailleurs, j’aurais été curieux de savoir ce que ça aurait continué de donner sans le Covid, parce que c’était vraiment une période très forte. Et puis en fait, je pense que le mot-clé, c’est vraiment passion. C’est ce qui nous lie. Et d’ailleurs, je pense que c’est ce qui a fait qu’on a gardé contact encore aujourd’hui. C’est que c’est un milieu tellement particulier et qu’on, comme tu dis, est honteux. Ta phrase de fin le décrit très bien, c’est que clairement aujourd’hui, je n’ai jamais eu l’impression de travailler. Donc je n’imagine pas faire autre chose. Et puis l’évolution de Rivacom m’a permis aussi d’avancer sur beaucoup d’événements, de rentrer dans l’Open de tennis. Rivacom étant certainement le plus grand acteur en région Bretagne d’événementiel, en ayant en plus la chance de participer à des très grands événements, j’ai pu participer à la Route du Rhum aussi notamment. Quand on a fait les fêtes maritimes et la route du Rhum, on a quand même fait un gros morceau de l’événementiel breton. Et puis, on crée aussi une dynamique de réseau. Il y a plusieurs clients qu’on a en commun sur lesquels on a fait deux, trois, voire quatre années de séminaire de suite. Donc, on crée aussi un lien très fort avec les gens et les émotions qu’on vit dans l’événementiel donnent vraiment envie de continuer. Et donc, c’est ce qui fait que dès qu’un événement est terminé, on a tout de suite envie de passer au suivant. Donc ça, c’est un truc qui m’anime toujours et tant que ça m’animera, je continuerai.

 

N.G : Il y a cette petite pause du Covid et après le Covid, finalement, tu vas muter un petit peu. Alors toujours dans l’événementiel, mais ce côté, ce coup-ci en tant que directeur de l’organisation de tennis et notamment du tournoi de Brest.

 

Y.D : C’est ça. J’ai eu l’opportunité via Rivacom justement, qui développait par la présence de Matthieu Blesteau, qui développait des tournois de tennis ailleurs, à Rennes, à Angers, en Vendée, de participer à l’organisation de l’Open de Brest. C’est un super événement, c’est dans l’équipement à Brest, la Brest Arena, qui est un des plus beaux équipements qui fêtait ses 10 ans il y a quelques semaines, qui est de très grande qualité. C’est un Open de tennis qui était déjà très réputé, qui va vivre sa 10e édition l’année prochaine, qui est reconnu par les joueurs comme étant un des plus beaux tournois, justement par la salle notamment, mais aussi par l’accueil qu’on leur met et puis par la qualité des installations aussi en dehors, la qualité des services qu’on propose. Et puis c’est un peu un « the place to be » du business brestois aussi et par le réseau que je construisais au fur et à mesure, c’est un des points qui m’a donné envie d’y aller aussi, c’est que j’ai un peu pratiqué le tennis il y a très longtemps mais surtout assez fasciné par tout ce que ça a amené à Brest comme échange et comme interaction avec le réseau brestois. Et c’est clairement le facteur de lancement de ma carrière événementielle, c’est que c’est un événement très important, on touche un peu à toutes les instances du tennis. On fait la rencontre de personnes vraiment incroyables. C’est sur cette première édition que j’ai rencontré Arnaud Clément, ancien tennisman, qui est le directeur sportif du tournoi, avec qui je suis toujours en relation aujourd’hui. C’est une rencontre assez géniale à vivre. Et puis, on vit un événement H24 les uns sur les autres pendant une semaine. Tu sais ce que ça fait de vivre ce genre de moment. C’est un peu comme un séminaire, mais en XXL et pendant 7 jours. On se rapproche aussi beaucoup des gens, des équipes. Et puis on vit des moments super, des victoires de Français notamment, voire de Bretons. Et donc voilà, pareil, on en revient toujours aux mêmes mots-clés, émotions, passions. Et donc j’ai eu la chance de faire deux éditions.

 

N.G : Et sur 2021 et 2022 ?

 

Y.D : 2021 et 2022. Et notamment la première édition 2021, sortie Covid, était assez dingue. On a eu l’accord entre guillemets de relancer l’édition en juin pour un tournoi qui a lieu sur la dernière semaine d’octobre, pendant les vacances scolaires. Donc voilà, un gros défi. Il y a une équipe vraiment géniale autour des Open de tennis. C’était un bel événement et j’y étais il y a quelques semaines. Et ça fait bizarre d’y être en tant que spectateur. On a du mal à être juste un spectateur dans les événements qu’on a déjà pratiqués. Donc c’était chouette.

 

N.G : Pour ceux qui ne sont pas spécialistes tennis, ça reste un événement ATP. C’est du tennis masculin. Et on a parmi les tout meilleurs joueurs français qui sont là, les joueurs professionnels. Et on a aussi des joueurs professionnels étrangers qui sont là. C’est un ATP 250 ?

 

Y.D : C’est un ATP 100.

 

N.G : ATP 100, la classe en dessous.

 

Y.D : C’est la classe en dessous. Ça a été revu à l’ATP, justement, le niveau des tournois. C’est aujourd’hui quasiment le plus haut niveau qu’on peut atteindre dans les conditions qu’on a à Brest. Les conditions de l’ATP évoluent aussi grandement. Et puis, en fait, au-delà, on franchit vraiment un cap de budget aussi d’événements.

 

N.G : De prize money à offrir.

 

Y.D : De prize money notamment, mais de conditions d’accueil, nombre de terrains, capacité de développer le tournoi est quand même assez limité, même si l’équipement est génial. Le principe, c’est qu’à partir de 250, c’est des dates qui s’achètent. Et là, on franchit vraiment un cap, on parle là en millions d’euros, donc c’est une autre dimension. Le tournoi de Brest, il est réputé pour être un tournoi révélateur de talent. Je pense que cette année, un des jeunes, Moïse Kouame, qui a 15 ans, qui a marqué ses tout premiers points professionnels à Brest, je pense que dans quelques années, je ne me mouille pas trop en disant qu’on le verra à Roland-Garros ou je ne sais où, quelque part en Europe. Il y a eu des très grands joueurs. Déjà, un des premiers tournois de Roger Federer, c’est à Brest. C’est un des premiers tournois qu’il remporte. Mais il y a eu aussi Tsitsipas, Ugo Humbert, des joueurs qui aujourd’hui jouent les grands chelemes tous les ans. C’est plutôt un événement qui a vocation à être un révélateur de talent. Je pense que cette image-là lui va très bien et je pense que c’est très bien d’y rester dans cette intention-là.

 

N.G : Moïse Kouame, si je ne dis pas de bêtises, c’est le plus jeune Français depuis Richard Gasquet à prendre des points ATP.

 

Y.D : Et à Brest. Et à Brest, sur le cours central, dans une aréna qui fait 3500 places, avec un culot dingue, mais un talent monstrueux. Et c’était assez impressionnant puisque le lendemain, pour son deuxième match, malheureusement, il perd, mais il jouait sur le cours annexe et la salle était pleine, ce qui est quasiment jamais arrivé. C’est plutôt les matchs qui sont un peu moins suivis. Et là, il y avait une ambiance dingue, on entendait les gens chanter. Donc je pense qu’il y a quelque chose qui s’est passé pour lui à ce moment-là et je pense qu’on va le revoir. Donc c’est un beau tournoi justement dans cette idée de révéler des talents.

 

N.G : Et en 2022, tu te poses la question de la suite finalement pour toi et tu parlais justement d’émotion, de passion aussi. C’est quelque chose qui fait que tu as décidé de prendre un peu de recul et finalement tu es sorti provisoirement, on va évidemment le voir, mais provisoirement tu es sorti de l’univers de l’événementiel. Qu’est-ce qui fait que tu avais besoin de mettre une sorte de coup de volant sur ta carrière ?

 

Y.D : En fait, ça s’est fait très vite cette sortie. Justement, j’avais l’impression de perdre le truc. Et en fait, je subissais certains événements parce que j’y prenais moins de plaisir. Et comme je disais, pour moi, c’est la clé. C’est très preneur en énergie, très preneur en temps. On est au service de clients et d’événements et c’est très preneur en énergie. À la suite de ce dernier Open de tennis en 2022, je sentais que pour que je garde cette petite flamme qui existe, il fallait que j’aille faire une petite pause. Je savais au fond de moi que j’allais revenir, quoi qu’il arrive, mais je ne savais pas sous combien de temps. Et puis finalement, on va y arriver, mais ça n’a pas duré très longtemps. Mais c’est une pause qui m’a fait beaucoup de bien. Déjà parce que je suis parti dans l’immobilier quelques mois et donc on revient vraiment tout en bas de l’échelle. Et ça m’a fait du bien de me retrouver et de me mettre un peu en difficulté aussi. À la suite du deuxième Open de tennis, tout était tellement positif et s’enchaînait tellement bien qu’on perd un peu de pied aussi et puis on finit par tomber que dans le travail. Et je sentais que j’avais besoin de retrouver un peu d’équilibre. Donc j’ai fait cette petite escapade de quelques mois dans l’immobilier.

 

N.G : Quelques mois dans l’immobilier. Et puis, je crois qu’un jour, le téléphone sonne et il y a un certain Régis Lerat qui t’appelle, que tu connais bien, que tu as connu par le passé et qui a quelque chose à te proposer.

 

Y.D : Oui, tout à fait. C’est même un SMS, le tout premier. Le tout premier échange, Régis qui était donc le DG adjoint de RIVACOM pendant plus de 15 ans, pour qui j’ai travaillé pendant 7 ans lorsque j’étais chez Ydeos puis RIVACOM Event, avec qui j’ai eu une relation toujours très forte et puis une vision de l’événementiel toujours assez commune. Et donc j’avais appris qu’il avait quitté lui aussi RIVACOM quelques mois après moi. Lui il avait un projet en fait avant le Covid, qu’il avait du coup mis de côté pour aider RIVACOM à passer cette difficile période. Et puis, il m’a envoyé un texto en me disant « J’ai un poste de directeur commercial, mais je pourrais te dire où que dans quelques semaines. » Je n’avais absolument aucune idée de où est-ce que ça pouvait être. Et puis, on a fini par déjeuner ensemble. Et quand il m’a évoqué ce projet des Fêtes Maritimes, ça m’a tout de suite parlé. Comme je le disais, c’était ma toute première expérience pro. Donc, j’avais une sensation de revenir dans l’événementiel en faisant ma première activité. Je trouvais que le message était cool. Et puis j’ai gardé des clients que j’ai eu en 2016 pour qui j’ai continué de travailler pendant ces 8 années. Donc voilà, je trouvais que le message était sympa. Et puis accompagner Régis dans ce challenge-là d’un an pour monter un événement aussi gros, l’équipe avait déjà démarré une petite partie des sujets, mais c’est vrai qu’on est arrivé dans une période compliquée avec le contexte JO et sécuritaire qui était assez compliqué. Et donc ça a été vraiment une révélation pour moi. Et qu’est-ce que j’étais content de recevoir cet appel. J’ai eu la chance que mon employeur IMO m’a beaucoup aidé justement à pouvoir intégrer très vite la mission. Je crois qu’à peine 15 jours après le message, je signais mon contrat et je démarrais la mission. Donc voilà, il y avait du boulot. Et effectivement, pour moi, ça a donné sens de revenir par les Fêtes Maritimes. C’était mon premier événement et puis voilà, j’avais une dimension différente, j’avais de l’expérience. Donc je me suis dit que tout était réuni pour que ce soit une belle nouvelle expérience. Et maintenant que c’est fini, je peux dire que je ne regrette vraiment pas du tout d’y être retourné et d’avoir accepté la mission avec Régis.

 

N.G : Ton poste sur ces Fêtes Maritimes, c’était responsable commercial et relations entreprises. Comme ça, l’intitulé de poste ne nous renvoie pas forcément au monde de l’événementiel. Est-ce que tu peux nous expliquer malgré tout quel est le lien entre ta mission et ce rôle d’organisateur d’événements ?

 

Y.D : Alors en fait, déjà, il faut savoir que les fêtes maritimes ont toujours été subventionnées publiquement depuis toujours. Évidemment, comme pour tous les autres événements, de moins en moins publiquement et de plus en plus financés par le privé. Aujourd’hui, il faut savoir que quasiment 50% du budget de cet événement, qui avoisine les 10 millions d’euros, est financé par le privé. Donc il faut le trouver cet argent, il faut y créer les produits qui vont bien pour donner aussi envie aux entreprises d’y participer. Et donc ma mission, c’était, par mon expérience de l’événementiel et surtout de l’expérience d’avoir déjà vécu les fêtes, de créer toute une offre commerciale qui pourrait plaire aux entreprises, qui leur donnerait envie de s’impliquer, et puis de réaliser aussi un chiffre d’affaires important de partenariat, puisque clairement, sans les partenaires privés aujourd’hui, l’événement n’a plus lieu, donc c’est ce qui a motivé la création de ce poste de responsable commercial. J’aime plutôt relations partenaires, dans le sens où c’est quelque chose qu’on construit avec eux pendant plus d’un an, on ne vend pas un catalogue tout fait, hormis évidemment pour les quelques événements et quelques package d’événements, mais sinon c’est surtout de la construction avec des partenaires, des acteurs majeurs du coin, de la ville, du département, voire de la région. Donc le fait de pouvoir coupler l’expérience événementielle et l’aspect commercial était pour moi le parfait combo. J’avais avec moi une équipe de cinq personnes, ça représentait à peu près une cinquantaine de partenaires et licenciés, donc sur l’année ça représente un boulot assez important. Et puis surtout ça représentait un peu plus de 300 clients sur six jours. Donc un boulot vraiment monstre, mais une expérience géniale parce que quand je disais que c’est un événement fameux chez nous à Brest, c’est que les entreprises cochent la case quatre ans en avance, construisent leur budget aussi communication événementiellle en sachant que les fêtes maritimes arrivent. Parce que c’est vraiment un moment incontournable et c’est certainement un des plus beaux événements pour faire du relationnel. autant du relation publique externe que du renforcement de relations avec les collaborateurs. C’est à peu près l’équivalent de 300 séminaires qui ont lieu pendant les fêtes, donc c’est un job très important dans la matrice des fêtes. et qui va tendre à l’être encore plus, puisque par ce qui se passe en ce moment et par les finances françaises du moment, on sait très bien que les subventions vont continuer de diminuer. Donc, on va être aussi amené à développer encore plus cette offre entreprise. Donc, ça va être aussi là un joli défi encore, parce qu’il va falloir encore développer les offres et créer encore plus d’expérience pour les entreprises.

 

N.G : Alors, pour celles et ceux qui n’ont pas eu l’occasion de se rendre aux Fêtes maritimes, et moi le premier, du coup, en toute transparence, pour se rendre compte, c’est quand même 7 km de quai, à la fois sur le port et également sur la base militaire qui sont dédiés à l’événement. C’est près de 1000 navires qui sont prévus. C’est des feux d’artifice, chaudes drones, des concerts en soirée tous les soirs. Une grosse programmation culturelle en fait. C’est des bateaux parmi les plus grands du monde qui sont là. On parle évidemment du Bélème que tout un chacun a connu ou reconnu avec l’arrivée de la flamme. Du coup pour la flamme qui est arrivée de Grèce jusqu’à Marseille mais qui ensuite est remontée à Brest pour la Cité aux Fêtes Maritimes. Mais c’est des bateaux comme un bateau portugais qui s’appelle le Santa Maria Manuela, qui fait 68 mètres de long, ou le Golden Lou des Pays-Bas, qui fait 70 mètres. C’est vraiment des monuments des mers. C’est de très, très beaux bateaux anciens qui sont restaurés, qui sont skippés avec énormément d’amour par des équipes de matelots. Et c’est quelque chose d’assez magique. Et tout au long de l’événement, on va pouvoir faire des tours en mer sur un certain nombre de bateaux. On va pouvoir voir ceux qui sont sur les quais et ainsi de suite. C’est quand même quelque chose qui est très particulier. Et on l’a dit, La particularité avec un report Covid, puis une date qui était prévue en 2021, puis à nouveau en 2022 et puis enfin en 2024, c’est six dates du 12 au 17 juillet. On est juste avant les JO pour vous remettre en perspective. La série d’ouverture, c’est le 26, mais les JO, ça commence pour de vrai le 24 juillet, c’est-à-dire sept jours seulement après les fêtes maritimes. Et tu nous disais qu’il y avait beaucoup de contraintes liées aux JO, notamment sécuritaires.

 

Y.D : Tout à fait. Premièrement, tu l’as dit, on ouvre la base militaire. ce qui est relativement exceptionnel, ça se fait nulle part ailleurs et ça se fait une fois tous les quatre ans à l’occasion des Fêtes Maritimes. Historiquement c’est aussi ce qui a donné aux fêtes maritimes, je pense, son ampleur, c’est que ça a tout de suite été un parti pris de la marine nationale d’accepter d’ouvrir les portes. Ce qui est dans le contexte qu’on connaît aujourd’hui, ça paraît absolument dingue. Alors évidemment c’est le côté de la base militaire qui est visible et qu’on a le droit de voir, on n’a pas le droit évidemment d’aller un peu plus loin mais c’est déjà un signe fort de l’ouvrir et de continuer de l’ouvrir. C’était aussi une volonté de la marine de maintenir cette opération d’ouverture des portes. C’est une des premières actions que le public mène. Une fois que la porte est ouverte le premier jour, c’est de traverser le fameux tunnel et de rejoindre la base militaire parce que c’est une fois tous les quatre ans et on l’aperçoit avec le téléphérique maintenant, mais on n’a pas la chance d’y mettre les pieds. C’est un des leviers très forts. Et puis, contexte effectivement très, très compliqué. Bon, forcément, les JO, le contexte géopolitique mondial qui est très compliqué et qui reste très compliqué, avec justement des forces militaires et des forces de la marine très sollicitées et toujours en veille. On avait la chance d’avoir la Marine nationale très engagée et nous avoir toujours soutenus et nous avoir toujours maintenus le fait que l’événement aurait lieu et qu’il serait sécuritairement prêt à ouvrir les portes et puis à nous garantir l’événement. Très concrètement, si ça venait à fermer, l’événement perdrait de sa valeur aussi. Donc ils ont vraiment fait tout ce qu’il fallait pour que ce soit possible. Mais contexte très particulier parce que forcément, les préfectures, notamment terrestres, voulaient davantage d’implications de sécurité. Les moyens de gendarmerie et de police étaient très sollicités à Paris, forcément, et sur les différents sites. Donc on a été obligés de faire appel à beaucoup de services privés. Imaginez bien, ça monte tout de suite très vite en budget. Pour faire très simple, on est passé en 2016 d’un budget sécurité qui avoisinait les 700 000 euros pour exactement le même périmètre, voire même un peu plus grand à l’époque, pour arriver à quasiment 1 500 000 euros cette année en 2024 pour quasiment le même événement.

 

N.G : Donc on a doublé.

 

Y.D : Donc on a doublé et avec un budget global d’événements qui lui est descendu de 3 millions d’euros. Donc forcément, c’est un contexte particulier avec des conditions vraiment particulières. Et au-delà de ce volet chiffré ou du nombre d’agents de sécurité présents, c’est plutôt le climat de tension qui est très particulier, puisque la question de « on ne sait jamais ce qui peut se passer » existe vraiment. Je pense que tu l’as vécu aussi un peu pendant les JO. Il peut se passer quelque chose.

 

N.G : Là, en amont JO, si sur un événement il se passe quelque chose de négatif, forcément ça va avoir un retentissement au niveau national, mais au niveau mondial. Et ça va impacter les JO. Donc les JO n’avaient pas le droit à l’erreur, mais les grands événements, Avant les JO, vous n’avez pas non plus le droit à l’erreur et vous en faisiez partie.

 

Y.D : Nous, le message était très clair des autorités. Il fallait que ce soit absolument parfait. Ça l’a été. Ça a été aussi un vrai défi. Évidemment, il y a aussi beaucoup de représentation et de volonté de montrer aussi pour les différentes forces militaires et du gouvernement, de montrer qu’on est capable d’accueillir ce genre d’événement à quelques jours des JO. Mais on était le dernier grand rassemblement en France à avoir le droit d’exister avant les JO. Donc forcément, on était très regardé, on était très surveillé. Les JO avaient aussi un œil sur nous évidemment parce que forcément, comme tu dis, il fallait que ce soit parfait. Donc c’est vrai que ça pose un cadre. Et en fait, encore plus ces dernières années, mais là je l’ai vécu vraiment de manière XXL, avant d’avoir quelconque idée. La question de sécurité vient en premier lieu. Est-ce que c’est possible ? Qu’est-ce que ça amène comme moyens supplémentaires à déployer ? Est-ce qu’on a le budget pour déployer ces moyens supplémentaires ? Parce que finalement, trouver les moyens humains, matériels, ça n’a pas été tant que ça le sujet. C’est plutôt, il faut pouvoir les payer ces gens. Et donc, on a eu quelques contraintes qui ont fait exploser un peu le budget sécurité, qui nous a amenés à réussir quand même cette édition. On se pose toujours un peu la question après coup, est-ce qu’il fallait tout ça pour que ça se passe de cette manière ? Certainement que oui. En tout cas, on a la chance d’avoir un événement sur lequel on n’a quasiment aucun accident et vraiment une des éditions les plus calmes qu’on ait pu traverser. Donc c’était un contexte particulier. Et puis revenir après huit ans, c’était aussi un challenge, comme je disais au tout démarrage. Est-ce que la flamme existait toujours dans le cœur des Brestois et des amateurs de voile, de bateaux et de patrimoine maritime ? C’était aussi un défi à relever. Content que ça se soit très bien passé. On a moins de public qu’en 2016, mais avec un contexte aussi économique très différent. Mais maintenir un événement de cette ampleur avec 500 000 personnes, ça reste pour nous une très belle réussite. Et puis surtout, la très bonne nouvelle, c’est que les fêtes maritimes auront lieu encore dans 4 ans, voire peut-être dans 3 ans.

 

N.G : On va y revenir, mais sur l’événement, un autre enjeu fort. Alors tu parlais donc 500 000 personnes. Je crois que c’est 120 000 personnes sur la plus grosse journée, le dimanche 14 juillet. C’est-à-dire qu’il y a beaucoup de monde sur un même endroit et avec un événement qui a une particularité d’être extrêmement météo-dépendant. Il n’y a pas de repli, on est en plein air. On sait qu’à Brest, il peut faire très beau, mais il peut aussi faire des fois beau plusieurs…

 

Y.D : C’est bien d’avoir commencé par très beau.

 

N.G : Il peut faire très beau, oui, il peut faire beau plusieurs fois par jour. Ça fait partie un petit peu des charmes du coin. C’est un événement qui est payant, une entrée payante, c’est 17 euros pour vous donner un ordre d’idée. Et la particularité, c’est qu’à la fois les Brestois sont amoureux de cet événement, à la fois c’est pas forcément quelque chose qui est dans leur ensemble, ils réservent des mois et des mois à l’avance, il y a une billetterie qui se fait beaucoup en last minute. Comment est-ce qu’en tant qu’organisateur d’événements, on vit cette gestion, il va faire beau, il va pas faire beau, il y a du monde, il y a pas de monde. Comment est-ce qu’on peut avoir une jauge qui passe du jour au lendemain, du simple au double ? Ça doit forcément être un enjeu assez compliqué.

 

Y.D : C’est un enjeu hyper important, d’autant plus qu’en 2016, personne ne va me croire, mais c’est vraiment vrai, on a eu la chance d’avoir six jours de soleil incroyable, une moyenne de 30 degrés sur les six jours, ce qui n’était pas arrivé à Brest depuis très longtemps et qui, je vous rassure, n’est pas arrivé depuis. Mais donc forcément, une édition 2016 dans des conditions exceptionnelles. Là, on savait que, vu l’été qu’on a passé de manière un peu globale un peu partout en France, on savait que ça n’allait pas être aussi joyeux. Effectivement très météo-dépendant, très dépendant de la billetterie en last minute. Ça, ça s’explique par une raison simple, c’est qu’on n’a pas de jauge. En tout cas, avant de l’atteindre physiquement, il faut vraiment que la jauge et que le quota de public explose, mais on n’a jamais eu cette expérience-là. Le 14 juillet, c’est forcément un jour dingue, puisqu’on avait jusqu’à presque 55 000 personnes en même temps pendant le feu d’artifice. C’est monstrueux sur un port de Brest qui en accueille peut-être 3 ou 4 000 sur une journée normale. Donc, ce n’était pas neutre. Et puis, météo dépendant, on a souffert. Vraiment, on a eu un premier jour qui a démarré sous la pluie. Donc, souvent, chez nous, il y avait deux mots clés un peu interdits. C’est sécurité et météo. On a essayé de regarder jusqu’au dernier moment. Mais ce n’est pas dépendant. Et en tout cas, on n’est pas dépendant de la météo que pour le côté public et venu du public. On l’est aussi beaucoup pour les bateaux. Au tout départ, tu parlais de 1000 bateaux. On en a eu moins que ça parce que malheureusement, les conditions étaient vraiment mauvaises. On a pas mal de bateaux qui viennent d’un peu partout, d’Espagne, ne serait-ce que de la côte ouest de la France et des îles britanniques. Donc forcément, les conditions compliquées, pour beaucoup, les ont empêchés de venir. C’est des particuliers, très souvent, donc ils ne prennent pas de risques. Et on les comprend tout à fait.

 

N.G : C’est des vieux bateaux ?

 

Y.D : C’est des très vieux bateaux, dans des conditions qui ne sont pas toujours faciles. Et puis, ça souffle chez nous à Brest. donc certains n’étaient pas à l’aise de venir, ce qu’on entendait tout à fait. Donc on a perdu un certain nombre et plus d’une centaine de bateaux qui par des raisons météo n’ont pas pu venir ou parce qu’ils connaissaient les conditions météo du départ et qu’ils ne pouvaient pas prendre le risque, déjà parce que ça coûte de l’argent forcément.mais aussi parce qu’ils ne voulaient pas prendre le risque de retraverser dans des conditions difficiles et que tout le monde ne peut pas se permettre de rester dix jours en attente à Brest jusqu’à la bonne fenêtre météo. Donc c’est météo dépendant, mais c’est aussi ça le charme de Brest. Et puis pour le coup, on le sait, on est habitué. Donc en fait, on crée l’événement et on le travaille avec cette idée qu’il peut pleuvoir à Brest. On a la chance à Brest d’accueillir des événements de voile assez incroyables comme l’Arkea Ultimate Challenge. C’était fin décembre, tout début janvier, il a fait une météo absolument catastrophique, c’était plein tous les jours. Les Brestois savent mettre des bottes et un ciré et puis vivre l’événement quand même. Ça fait partie du charme, mais c’est vrai que sur cette édition on en a souffert puisque tout à l’heure je disais que les entreprises représentaient à peu près 50% du budget, la billetterie en représente presque 35, donc forcément… On vend 80% des billets la semaine qui est juste avant l’événement et le reste pendant. Donc c’est assez stressant forcément comme expérience, puisqu’on attend jusqu’au dernier moment. Et puis ensuite, c’est en fonction des programmes, du bouche à oreille et de la météo. Mais c’est vrai qu’on en a un peu souffert cette année.

 

N.G : C’est vraiment propre à cet événement-là, un événement d’aussi grande ampleur, où la billetterie finalement ne se concrétise qu’à une semaine de l’événement. Et tous les quatre ans, on va dire que c’est la même chose. c’est vraiment très très propre aux fêtes maritimes et je pense que certains organisateurs d’événements, de grands festivals d’événements sportifs où ils ont aussi plusieurs dizaines ou centaines de milliers de billets à vendre, serraient un peu les fesses s’ils devaient attendre la dernière semaine pour savoir est-ce que les JO vont être pleins, est-ce que les vieilles charrues, est-ce que n’importe quel autre festival sera complet, c’est quand même compliqué. 

 

Y.D : On avait une tendance quand même générale puisque même les charrues ont un peu souffert de ça aussi, ils ont eu du mal à clôturer aussi mais pas par manque d’attractivité de l’événement comme pour nous, c’est plutôt un contexte aussi global, un pouvoir d’achat qui diminue forcément chez tout le monde. Et puis voilà, un climat aussi un peu anxiogène qui fait que nous, on a eu quelques remarques aussi de gens qui étaient un peu inquiets de venir parce qu’ils avaient aussi peur de ce « et s’il se passait quelque chose » . Il faut savoir quand même qu’en 2016, en plein milieu des fêtes maritimes, il y a l’attentat de Nice et que dans la nuit de l’attentat de Nice, La préfecture ici en Finistère prend le pas sur un de nos partenaires qui est Guinère Matériaux pour récupérer tous les blocs béton possibles et imaginables pour sécuriser le site et avec une volonté de rester ouvert. Donc on l’a déjà vécu en 2016, donc on sait ce que ça impacte de vivre un événement comme celui-là. Et donc forcément là, à quelques jours des JO, plus un contexte géopolitique compliqué, on avait quand même beaucoup de freins au démarrage et puis finalement… Toutes les planètes se sont bien alignées, toutes les différentes instances, les partenaires et tous les différents acteurs qui participent au projet se sont donnés tous un peu plus que ce qu’il fallait pour que ça marche. Et puis finalement, ça a été une très belle fête. Il a plu, mais il pleuvra certainement encore pendant la prochaine et puis ça le fera quand même. Mais c’est vrai qu’on aurait aimé un peu moins de pluie sur une des journées qui nous aurait aidé à atteindre la jauge classique de l’événement. Mais malgré tout, on a pu faire tout ce qu’on voulait. Tu parlais de drones aussi, il faut savoir que… Pour une petite anecdote, on devait tirer le spectacle de drone à 23h05 le premier soir. À 23h22, il n’était toujours pas parti. Ce n’est pas parce qu’on était en retard ou que le prestataire n’était pas prêt, évidemment. C’est uniquement parce qu’il y avait 10 km heure de vent de trop et qu’on a dû attendre que cette jauge de vent tombe un peu. Et puis, dès lors qu’elle est tombée, on a pu lancer le spectacle avec 26 ou 27 minutes de retard. Ça fait partie du charme de l’événement, faire un spectacle de drone au-dessus de la rade à Brest. C’était une première déjà. Et puis, on travaillait avec un prestataire qui en fait des centaines par an et qui maîtrise le sujet. Mais au-dessus de la mer, c’était déjà un défi. Au-dessus de la base militaire, mettre 400 tonnes, t’imagines bien que c’est aussi un défi plutôt costaud. Et finalement, ça l’a fait, mais avec des conditions. Et puis, on s’adapte pour le coup. C’est sûrement un des mots clés aussi de l’événementiel et des fêtes maritimes à Orestes, c’est de s’adapter. Les conditions sont telles qu’elles sont. On fait avec et puis on construit l’événement quand même. Et puis surtout, on est tellement fiers de le faire que voilà. On donne ce qu’il faut pour que ça marche quand même.

 

N.G : Tu nous as un petit peu spoil, il y aura une nouvelle édition dans quelques années. Un des enjeux qui a été évidemment remarqué, c’est qu’entre deux éditions, il y avait une structure associative, mais la structure salariée, en fait, elle se refermait et se réouvrait à chaque fois. Donc, on perd les compétences, les gens ne peuvent pas forcément attendre, donc vont sur d’autres missions, d’autres postes. Une des réflexions, je crois, à la suite de cet événement, ça va être aussi de pérenniser finalement la structure. Et peut-être de réfléchir un peu plus grand sur Brest, avec une organisation globale des événements à Brest.

 

Y.D : C’est effectivement un enjeu. Tous les quatre ans, déjà, c’est une mission de reconstituer une équipe. Mais là, après huit ans, c’est encore pire. Et puis surtout, en quatre ans, là encore plus en huit ans, l’événementiel change énormément, les conditions de sécurité changent, les prix ont changé, tout a changé. Donc forcément, il faut reconstruire avec eux. très peu de certitude et très peu d’expertise et de ressources humaines qui connaissent bien l’événement. Donc là, on était plusieurs malgré tout à l’avoir déjà vécu en 2016. Régis a aussi construit son équipe avec cet appui-là de gens qui l’avaient déjà vécu ou qui avaient vécu des événements très similaires. Je parlais de la route du Rhum, par exemple, mais le Vendée Globe peut en faire partie aussi, comme en ce moment. Et donc, effectivement, il y avait volonté de réunir les fêtes maritimes, l’office de tourisme et du coup, la structure BrestM Event et BrestM dans son ensemble à Brest, justement aussi pour amener un peu de sérénité, un peu d’encadrement, des structures aussi qui permettent d’investir un petit peu de matériel. Aujourd’hui, avec un événement qui a lieu tous les quatre ans, on est obligé de relouer tout le temps le matériel, puisqu’on n’en fait rien les trois autres années. Donc voilà, c’est un modèle qui économiquement était très compliqué à tenir. Et puis, pour une garantie aussi de ressources humaines, c’est important de pouvoir continuer de travailler avec des gens qui ont déjà vécu les expériences, qui peuvent aussi appliquer les retours et les différents rétextes qu’on a pu faire avec nos partenaires et les différentes instances. Donc, il y a une volonté d’asseoir la structure des fêtes maritimes qui va quitter le modèle associatif pour rejoindre la nouvelle structure d’attractivité que la ville de Brest est en train de mettre en œuvre. On apprécie beaucoup les Nantais et donc on va… beaucoup s’inspirer de Voyages à Nantes qui est une belle preuve de réussite pour nous à Brest et sur lequel on va aussi travailler pour adapter et justement exploiter au mieux le brestois et sa mentalité et son approche des différents événements et de l’attractivité à Brest. Parce que même s’il ne fait pas toujours beau, malgré tout, les gens quittent très peu Brest. Donc c’est qu’il y a beaucoup de choses à y trouver.

 

N.G : En plus, maintenant, vous avez une équipe de foot.

 

Y.D : Et on a une vraie équipe de foot. Je ne ferai pas de commentaires sur l’équipe nantaise, mais… En tout cas, on a une vraie équipe de foot. On est, je pense, pour beaucoup de gens, enfin sur une carte. On existe vraiment depuis quelques mois. Merci aux joueurs du stade Brestois de nous permettre ça. Mais d’ailleurs, c’est vrai, on en parlait un peu avant, tous les deux, c’est dingue ce que ça amène aujourd’hui comme engouement autour de Brest. Et ça permet à beaucoup d’autres structures et à beaucoup d’autres événements d’être vus. Et notamment de montrer qu’à Brest, déjà, il y a une vraie équipe de foot. Et puis en plus qu’il y a autre chose. Donc cette nouvelle structure aussi, et cette structure dans laquelle les Fêtes maritimes vont intégrer, ça va aller dans ce sens-là, c’est-à-dire que ça va nous permettre de développer l’événement. Comme je le disais, on va tendre de plus en plus vers un financement privé, puisque les finances publiques ne sont plus ce qu’elles étaient à l’époque des premières éditions des Fêtes maritimes. Et puis l’envie de développer d’autres événements. Il y a beaucoup d’événements notamment liés à la mer qui s’intéressent à Brest et qui ont envie de se positionner à Brest. L’Arkea Ultim, j’en suis assez persuadé, va devenir une des plus grandes courses de voile du monde parce que le défi technique est dingue et puis que l’ampleur de ce que les équipes de course au large font aujourd’hui est dingue.

 

N.G : Alors l’Ultime, juste petite parenthèse parce qu’on est à quelques jours du départ du Vendée Globe. Peut-être le Vendée Globe est déjà parti quand vous aurez écouté ce podcast. Les Ultimes, c’est des trimarans. Donc au Vendée Globe, on est sur des monocoques 60 pieds. Les Ultimes, c’est des trimarans de 70 pieds. Donc on rajoute un petit peu de longueur et surtout on a autant de largeur que de longueur avec un mât qui est considérable. Et c’est vrai que c’est ce qu’on appelle les formules indémaires. Ça va à toute vitesse et ça traverse l’Atlantique à une vitesse incroyable.

 

Y.D : C’est impressionnant et on est un peu médisant avec la météo brestoise. Mais pour l’édition, première édition de l’Arkea Ultim, les images, les hélicos en témoignent. On a eu un soleil dingue sur la rate de Brest avec les conditions parfaites de vent. Et c’est vrai que voir les ultimes lancées en pleine rate de Brest, c’est juste exceptionnel. Et donc, je suis assez persuadé que ça va être un événement vraiment incontournable. Tout ce qui touche à la mer à Brest est de toute façon souvent une réussite parce que les gens sont très fiers et mettent tout ce qu’il faut pour que ça marche. Mais c’est vrai que d’associer notre événement des fêtes maritimes à cette nouvelle structure va aussi nous permettre de profiter de l’expérience de tous ces autres événements-là et d’améliorer encore plus l’expérience des visiteurs. Voilà, de garantir aussi le fait que les fêtes existent encore, parce que dans un modèle économique de plus en plus difficile, maintenir un événement de cette ampleur-là à Brest, c’est clairement économiquement un grand bol d’air pour beaucoup d’entreprises, l’hôtellerie, la restauration et les différentes sociétés. Je pense que sur les 10 millions d’euros de budget, je pense qu’il y a bien 90% qu’on réinjecte au moins dans le Finistère, ce qui n’est pas neutre dans une période comme en ce moment. Il faut qu’on puisse continuer de surfer là-dessus et de développer l’événement encore plus dans les prochaines éditions.

 

N.G : Avant de se quitter, j’ai une dernière petite question pour toi sur toutes tes expériences professionnelles dans l’événementiel. Est-ce qu’il y a un moment, une anecdote, un événement auquel tu as participé, soit en tant que spectateur, soit en tant qu’organisateur, qui te viendrait en tête comme ça et que tu aurais envie de nous raconter en quelques minutes ?

 

Y.D : Oui, j’en ai un parce que je pense que c’est le seul où j’ai pleuré. Et quand je parlais d’émotion, c’est vraiment le bon exemple. J’ai eu la chance d’accompagner une société qui s’appelle HubOne, qui est spécialisée dans la télécommunication dans les aéroports et dans la cybersécurité, qui tous les ans organise un challenge avec vocation justement d’aider un enfant, une association ou en tout cas un projet humanitaire intéressant. Et donc pour la première édition, on était parti faire le tour du golfe du Morbihan, mais à l’envers et pendant une semaine, avec des gens qui ne sont pas du tout athlètes de haut niveau et des salariés de la société. qui prennent sur leur propre congé perso et sur leur propre finance pour participer à l’événement. Et la société complète pour mettre les bonnes dispositions. Et en fait, j’étais avec trois autres collègues de Rivacom à l’époque, et on accompagnait tous les jours ce groupe à faire les étapes. Et donc, on leur permettait d’être dans les bonnes conditions, leur préparer la petite table avec l’eau, les petites barres de céréales, les fruits, le chocolat, le petit reboostant pour suivre l’événement. Et en fait, à l’arrivée, et surtout, j’ai oublié de préciser le plus important, Il y a un enfant en jouellette qui est suivi par l’équipe pendant cette course, donc il fait tous les kilomètres avec eux. Et donc, pour les athlètes, entre guillemets, de la société HubOne, il fallait porter cette jouellette ?

 

N.G : La jouellette, c’est une sorte de vélo à une roue. Et en fait, il y a des tireurs devant, des pousseurs derrière. Et souvent, il y a une flopée d’athlètes parce que c’est assez fatigant. Et en fait, on se relaie les uns les autres. Donc souvent, il y a une dizaine de personnes autour d’une jouellette pour réussir à la faire avancer et ça permet à des gens à mobilité réduite de vivre des expériences incroyables.

 

Y.D : Et donc là c’était génial parce que déjà ils aidaient aussi financièrement à l’achat d’un nouveau fauteuil, ce qui était déjà génial et puis en fait on a eu la chance de vivre l’arrivée le dimanche à la même arrivée que le vrai tour du golfe du Morbihan et du coup avec un public avec plus de 500 personnes autour de l’arrivée qui ont célébré l’arrivée de la jouellette comme un athlète de haut niveau. On a passé une semaine ensemble, 24-24, les uns sur les autres. Certains ont eu des bobos, certains ont été très fatigués, ont eu du mal à finir, mais tout le monde est allé au bout.

 

N.G : C’est 175 kilomètres, le tour du golfe du Morbihan.

 

Y.D : C’est ça. Et donc là, ça représentait entre 12 et 15 kilomètres par jour pour eux. Évidemment, on a coupé certaines étapes parce que la jouelette ne pouvait pas non plus passer partout. Mais ils ont quasiment respecté le parcours. Et puis au final, l’arrivée dingue avec la famille de cet enfant, Louis, qui continue du coup de courir et de participer. notamment au championnat de France de jouellette et à différentes courses et avec qui j’ai eu contact de temps en temps sur les réseaux. Donc, ça s’est resté quelque chose de très fort. Et puis, l’année suivante, on a, avec cette même société, parce qu’on avait créé un lien tellement fort, on est parti faire le tour du Mont Blanc en randonnée. Donc là, je les accompagnais logistiquement. Donc, je faisais le tour avec leurs affaires pendant qu’ils marchaient et qu’ils randonnaient. On est resté en contact encore aujourd’hui. Quand je passe à Paris, j’ai la chance de continuer de les croiser encore et d’avoir un lien avec eux. Et quand je parlais d’émotion, passion, je pense que je n’aurais jamais eu l’occasion de faire le tour du Mont-Blanc de cette manière-là. Donc ça, je pense que c’est un de mes plus beaux souvenirs. Et puis l’arrivée à Vannes était juste exceptionnelle.

 

N.G : Quand l’événement donne du sens, ça prend tout son sens.

 

Y.D : Franchement, c’était vraiment déjà une belle société de deux dirigeants qui étaient hyper impliqués, qui mouillaient vraiment le maillot pour que ça se fasse. Et on avait été faire la rencontre deux ou trois jours avant avec l’enfant qui découvrait du coup pour la première fois, deux jours avant le départ. C’était quand même un défi aussi pour les parents d’accepter de laisser la voiture qui accueille le fauteuil et de laisser son enfant tout court, handicapé en plus. Forcément, avec une petite crainte pour eux de comment ça va se passer. Au final, ils ont fini par faire les dernières étapes avec l’équipe et c’était vraiment exceptionnel.

N.G : Yoan Dussort, un grand merci d’être venu pour ce podcast Good Morning Event.

 

Y.D : C’était très cool.

 

N.G : Plaisir partagé. Et puis surtout, n’oubliez pas : dans l’événementiel, on n’a pas un métier facile, mais c’est quand même mieux que de travailler.